Les connaisseurs ont dans leurs archives un article resté fameux : « Les 10 gares de Bordeaux », du regretté Jean Fournol (ancien Ingénieur à la Direction SNCF de Bordeaux, fils d’ingénieur SNCF et petit-fils de cheminot).
D’où il se répète parfois que Bordeaux à eu 10 gares.C’est vrai si l’on additionne toutes celles qui ont existé. Mais c’est faux si on les compte à un moment donné.
En réalité la période où Bordeaux à été équipée du plus grand nombre de gares se situe un peu après 1915, date de création de la Ceinture. La situation est alors la suivante :
- la gare de Ségur n’existe plus depuis près d’un demi siècle, et c’est son absence qui rend le chiffre de 10 gares irréaliste quelle que soit l’époque de référence
- pour la Cie du Midi : 2 gares (St-Jean et St-Louis)
- pour la Cie du Paris-Orléans : 2 gares (Orléans et Bx-Passerelle)
- pour le réseau de l’Etat : 2 gares (Bx-Etat et Bx-Benauge)
Cela fait 6 gares pour les grandes compagnies.
On peut y ajouter les 3 gares des tramways suburbains de Beychac-et-Caillau, Camarsac et Cadillac. Ce ne sont pas de grandes gares, bien loin de là ! Mais si on veut « gonfler » le chiffre par chauvinisme bordelais, pourquoi pas… et nous voilà avec 9 gares. Enfin… cherchons un peu mieux…
La gare fantôme
Il faut ici régler une question qui paraît banale mais qui mérite qu’on s’y arrête.
Une petite gare est-elle vraiment une gare à part entière ? La question semble subjective, mais la réponse est parfaitement objective : est une gare toute installation ferroviaire pourvue d’un bâtiment commercial pour les voyageurs (vente de billets) et de moyen de « garer » un train. Si on ne peut pas garer de train – c’est-à-dire qu’il n’y a que des voies de circulation – alors ce n’est pas une gare. Mais si ça n’en est pas une, qu’est-ce que c’est ? C’est très simple, il y a trois catégories d’installations pour les voyageurs :
- gare : bâtiment commercial et au moins 1 voie de garage (donc en plus de la voie principale)
- station : bâtiment commercial sans voie de garage
- halte : pas de bâtiment commercial ni voie de garage. 1
Mais qu’est-ce que ces distinctions ont à voir avec le nombre de gare de Bordeaux ? C’est très simple : dans les réseaux de tramway on ne connaît par le mot « gare », car les installations sont trop succinctes . Par contre, on peut employer le terme pour les tramways dits « suburbains » qui ont des caractéristiques de petites lignes de campagne, avec d’authentiques gares.
Or à Bordeaux il y avait trois lignes de ce type. L’une d’elles, le Tramway de Beychac et Caillau, avait son dépôt à l’emplacement du Gymnase de l’Avenue Thiers. Mais sur la place Stalingrad (« place du Pont » à l’époque) il y avait un petit bâtiment en dur (hors champ à droite dans la photo ci-dessous), et deux voies en impasse avec bretelle de jonction (au fond de la photo). Les bordelais y voyaient une station de tram comparable à d’autres, mais elle était bien l’équivalent d’une gare campagnarde de ce type de ligne.
Et étant dotée d’une capacité de stationnement, elle était bien une gare, même si personne ne la compte jamais ! Et nous voilà tout de même avec nos 10 gares ! Ouf !
1 : le tram actuel de Bordeaux s’arrête le long de quais pourvus de billetteries. Donc ce sont bien des « stations ». Sauf dans un cas très particulier : place de la Bourse on trouve des quais sans billetterie. C’est donc une « halte » et non une « station ». De plus comme elle est aussi dépourvue d’abris de quais et que ceux-ci sont presque invisibles (et tant mieux !), beaucoup de bordelais vont jusqu’à penser que le Tram ne s’arrête pas Place de la Bourse. Et pourtant…