En 1844 le conseil municipal de Bordeaux prévoit prévoit, sur l’axe de Paris à L’Espagne, une gare sur la rive gauche, tandis que le Ministre des Transports veut la placer sur la rive droite car le projet est moins coûteux. Ce qui arrange grandement les affaires de la Compagnie du « Chemin de Fer de Paris à Orléans ».
Celle-ci envisage de construire une gare de passage sur la rive droite de la Garonne, parallèle à la berge, puis de traverser le fleuve grâce à une voie ajoutée sur le côté du Pont de Pierre. Cette solution, à peine digne d’un tramway, ne vit heureusement pas le jour.
La compagnie fit donc édifier, par l’architecte Darru, une gare en terminus en 1852. La façade côté fleuve était surmonté d’un demi-rosace. Le bâtiment, en forme de U, renfermait des quais protégés par une toiture en zinc soutenue par une charpente métallique, d’une longueur de 120 m. sur 30 m. de large.
Durant les premiers mois les trains ne pouvaient atteindre qu’Angoulême. Il fallut attendre le mois de juillet de l’année suivante pour qu’un premier train effectue le trajet Paris – Bordeaux. Il lui fallut pour cela 13 heures et 17 minutes. En 1859 cinq trains parcouraient la ligne dans les deux sens à une vitesse maximale de 60 km/h.
La même année furent édifiées des halles marchandises, mais aussi une imposante halle ferroviaire totalement étrangère à la compagnie : la Halle des Magasins Généraux de Bordeaux, qui doit devenir, en 2014-2015, les nouveaux locaux des Archives Municipales. L’embranchement de cette halle fut le tout premier embranchement privé de La Bastide, qui allait être suivi, 50 ans plus tard, par un énorme réseau de voies privées. Mais ceci est une autre histoire.
A peine créée, la Gare d’Orléans vit son trafic voyageur baisser. Dès 1861, le raccordement de la Gare St-Jean directement vers le nord provoqua une baisse de la clientèle en direction et en provenance de Paris.
Simultanément, le trafic marchandise continuait de croître. En 1900 les halles marchandises du P.O. étant complètement saturées, la compagnie acheta la Halle des Magasins Généraux et le vaste faisceau de voies atteignant, à angle droit, le Quai des Queyries.
En 1906 la gare connaît un incendie. On n’en profite pas pour la moderniser, le signe était de mauvaise augure. En 1929 le P.O. souhaite créer un restaurant dans une aile du bâtiment. L’Etat refuse. Le sort de la gare est scellé.
En 1938, la SNCF nouvellement créée n’a aucun intérêt à entretenir un trafic voyageurs, à l’exception de quelques circulations de courtes distance.
Certaines sources affirment que la toiture couvrant les quais se serait effondrée. En réalité elle a été démontée. Un article de Sud-Ouest, du 5 avril 1950 explique que l’entrepreneur Gaitié y travaille depuis plus d’un mois et prévoir d’y passer encore quelques semaines.
Il est mis fin au trafic voyageurs en 1951. L’essentiel de l’activité se déporte sur les halles marchandises, tandis que la gare ne connaît plus que des stationnements et manœuvres de matériels divers.
On ne sait pas trop quand la statue qui ornait la façade, œuvre du sculpteur Huguenin, a disparu. Les circonstances restent pour l’instant un mystère… Elle représentait une femme, probablement une allégorie de la Ville de Bordeaux. Les très mauvaises photos dont on dispose montrent son bras gauche posé sur un blason (celui de la Ville, sans doute), son bras droit, replié sur le côté, pourrait porter un objet, dont on peut supposer qu’il serait une locomotive.
En 1970 le dépôt de Bordeaux-Bastide n’est plus que l’ombre de lui-même, envahi d’herbes folles, et la rotonde a vu la moitié de sa toiture s’effondrer.
La gare connaît encore de rares trains spéciaux de voyageurs, comme en 1974 avec un train de supporters dont l’excitation était sans risque dans un bâtiment quasiment à l’abandon. En 1978 la gare aurait connu un bref retour à l’activité suite à un déraillement sur la passerelle [information non recoupée].
En 1980 la DDE s’installe dans la gare, tandis que le trafic marchandises continue (926.251 tonnes en 1985).
En 1983 les deux putti (angelots) en façade, portant l’un « Paris » et l’autre « Bordeaux », sont étrangement donnés au Musée de chemins de fer de Mulhouse, alors que le bâtiment est inscrit à l’inventaire supplémentaire des Monuments Historiques !
En 1984 la gare connut un dernier train, très particulier, composé d’une locomotive à vapeur 030 venue du Train Touristique de Sabres (Landes) tractant trois voitures dites « Bruhat ». Cette circulation suivit un trajet totalement inhabituel pour cette gare, desservant Bordeaux-St-Jean, Caudéran-Mérignac et finissant à… Macau !